Boubou is back.
Désolée pour cette longue absence, mais durant les derniers jours, j'ai passé tout mon temps à soutenir ma maitresse.
Aujourd'hui je ne peux résister à vous expliquer son parcours du combattant; il ressemble à celui de dizaines de milliers d'entrepreneurs en France.
Je vous demanderai donc de faire lire ce post à un maximum de personnes car ce n'est qu'en relayant ce type d'information, en diffusant ces scandales, que l'on peut faire bouger les choses, inciter des personnes bien à l'abri derrière leur bureau et dans leurs pantoufles à faire le travail pour lequel ils sont payés (et particulièrement payés par les impôts des entreprises et les acteurs de l'économie réelle).
Les faits me direz-vous!
Il y a un peu plus de six mois, ma Maitresse reprend la direction d'une entreprise. Une opportunité car il s'agit d'une entreprise au concept novateur et génial, mais qui a souffert d'une précédente direction maladroite.
Durant ses premiers six mois de direction, elle règle l'ensemble des difficultés (retards de règlement de fournisseurs ou charges sociales, motivation des collaborateurs...).
Surtout, depuis son arrivée, le chiffre d'affaire (également moteur de tous les projets) explose : +30% au cours du 2ème semestre 2008, encore accentué depuis le début de l'année.
Cette petite entreprise ne connait pas la crise, bien au contraire, car dans une période difficile comme celle que nous connaissons, les consommateurs apprécient la qualité !
Début janvier : dernière grave difficulté dans la reprise de l'entreprise, des travaux doivent impérativement être réalisés dans les semaines qui suivent, il s'agit de travaux vitaux pour l'entreprise qui doit notamment modifier l'installation électrique, la climatisation... Mais qui vont aussi permettre d'exploiter commercialement une surface qui ne l'était pas encore, et de tripler la vitrine de son magasin !!!
Donc une assurance d'une expansion encore accélérée. Un dossier de rêve pour une vraie banque !
Acte un : présentation du dossier à la Société Générale
Elle se rend donc à son agence bancaire, plus que voisine puisque mitoyenne, la société générale de la rue du pont neuf.
Cette banque est la seule de l'entreprise. Elle a donc pu observer la spectaculaire amélioration de l'activité et de sa gestion.
Il n'existe aucun encours dans cette établissement financier, aucune ligne de découvert. La banque encaisse simplement 5 à 8000 euros annuels de commissions diverses...
Rendez vous avec le conseiller de l'entreprise, Monsieur L, qui accueil le dossier très positivement et demande des pièces complémentaires d'urgence afin de "faire passer le dossier" avant quelques jours de congés. De plus ma maitresse reçoit concomitament un courrier de la Banque de France lui faisant part de l'amélioration de sa cotation. Après ce premier contact, elle est donc sereine, surtout que le montant demandé (50 000€) représente environ 5% du CA de l'année à venir : un dossier facile pour un vrai conseiller dans une vraie banque !
Le dossier est particulièrement urgent, il y a un date butoir pour les travaux.
Monsieur L part en congé... le dossier n'a pas avancé...
Ma maitresse, Sandrine, fait le forcing et est reçue par la directrice d'agence, Madame V. de P.. Mécontente du non traitement du dossier, Sandrine fait une première allusion au médiateur du crédit si les choses ne s'accélèrent pas, mais Madame V. de P. se veut très rassurante... dit que tous les éléments ne lui ont pas été transmis par Monsieur L. et demande un double du dossier... ainsi qu'un nouveau délai d'étude...nouveau rendez vous est pris pour dans deux jours... Les huit mètres séparant l'entreprise de la banque deviennent un marathon !!!
Deux jours plus tard, surprise, c'est Monsieur L. qui est de retour... et qui annonce le refus du dossier !
Motif officiel : heu, cela ne fait pas assez longtemps que vous avez repris la direction de l'entreprise.
Motif réel selon Monsieur L. "Madame V. de P. ne comprend rien aux dossiers".
Bonjour l'ambiance dans l'agence, en tout cas il se sont bien entendu pour faire trainer notre dossier.
Acte 2 : Appel au médiateur du crédit
Scène 1 : le premier contact.
Le gouvernement a décidé de prêter des milliards d'euros aux banques Française, leur imposant en contrepartie un soutient de l'économie de leur part contrôlé par le médiateur du crédit : Le Site du médiateur du crédit
Puisque d'après Monsieur L. notre dossier est excellent et il ne s'agirait que de contourner la résistance de Madame V.de P., ma maitresse decide de faire appel à ce fameux médiateur.
C'est très simple : google : médiateur du crédit : il est en première ligne.
Un clic : le site, quelques explications, claires, succinctes.
Deux clics : nous pouvons remplir un dossier en ligne : simple, efficace, rapide.
Une révolution, à même se demander si l'on rêve ou si l'on est en France ! Un délai maximum de traitement de 48 heures est annoncé.
Plus fort encore : deux heures seulement après le remplissage du dossier sur le net, le téléphone sonne.
C'est Monsieur F., le médiateur du crédit, un vendredi après midi, incroyable !
La conversation s'engage. Monsieur F. pose quelques questions, teste la solidité du dirigeant; puis après quelques minutes de conversation, affirme que ce dossier lui semble un des plus sérieux parmi les centaines pour lequel il est sollicité...
Le rêve continue : il annonce sa visite de l'entreprise pour le lendemain, un samedi matin !
La révolution semble secouer la France, et ma Sandrine de se lâcher : "si ça marche, je vote Sarko pour le restant de mes jours !" Le marchand de rêve a touché au but !
Samedi matin, tout petit Couac : Monsieur F. se perd dans Paris... Voila ce que sait que de tenter pour la première fois de sa vie de "travailler" un samedi...
Le rideau tombe sur la scène 1.
Scène 2 : le traitement du dossier.
Durant toute la semaine suivante, la médiation avance, échange de mail entre le médiateur, Madame V.de P., et une antenne de la Direction de la Société Générale qui a pour rôle de traiter les dossiers de médiation.
Premier contact physique à l'agence, Madame V. de P. comme l'enfant pris en faute est très fâchée de la demande de médiation. Le sourire est crispé.
Mais durant toute la semaine, le dossier s'étoffe, tous les renseignements complémentaires sont fournis, échangés... Tout semble au vert...
Et, de plus, le samedi suivant, Monsieur F. surement munie d'une boussole et d'un GPS arrive au magasin, sans prévenir, dès 10 heures. Il visite, découvre avec intérêt le concept... toujours positif...
Semaine 2 de la médiation : malgré les multiples visites à l'agence bancaire rien ne semble bouger, le mardi, Monsieur L. a bien passé un coup de fil demandant Sandrine en urgence mais à chaque visite les portes de bureau se ferment, Madame V.de P. lâche même qu'elle n'a pas que ce dossier à traiter : c'est agréable d'être client à la Société Générale.
Vendredi, le verdict tombe, Monsieur F. affirme au téléphone avoir obtenu un accord de ses interlocuteurs à la Société Générale pour 15 000 euros, 30% du montant nécessaire, somme qui d'après eux suffirait à traiter les urgences !
Semaine 3 : comme tous les lundi l'agence est fermé.
mardi matin, visite de Sandrine à Monsieur L. pour refaire une demande des 15 000 euros octroyés verbalement.
Un sourire narquois aux coins des lèvres, il affirme n'avoir aucune instruction...
Nouveau coup de fil à Monsieur F. le médiateur, sa réponse : "La Société Générale ne s'est prononcé que verbalement, je ne peux rien leur imposer si ils ne respectent pas cette parole !".
Voila ou nous en sommes et Vive la France !!!
Suite à la chute du mur de Berlin, Il reste deux pays communistes dans le monde : La Corée du Nord et la France, mais nous ne pouvons douter qu'avec le pragmatisme des asiatiques et notre armée de rond de cuir, la France sera le dernier.
Ce matin, la Société Générale communique ses résultats... très positifs !
Ce n'est pas la fermeture d'un compte de PME qui va la déranger...
Acte 3 : Le médiateur National
extrait du site du médiateur du crédit :
4) L’entreprise est informée, des solutions sont identifiées pour elle au niveau local.
Ces solutions conviennent, la médiation a réussie.
Ces solutions ne sont pas jugées satisfaisantes, l’entreprise peut
demander la révision de son dossier en saisissant le médiateur
national. Le médiateur départemental est obligatoirement consulté pour
avis, la médiation se poursuit.
Le médiateur national sera saisi ce jour... affaire à suivre...
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